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Psy du travail… Psy de terrain !
Image : Julien Bertrand / Public domain
Il y a quelques temps (avant cette période de confinement qui me donne le loisir d’écrire…), alors que je rentrais d’une journée d’entretiens sur des chantiers avec mes chaussures de sécurité toutes « crottées », une amie m’a fait remarquer…. « tu n’as pas l’air d’une psy !... »…. Cela m’a fait réfléchir…
Il se trouve que j’interviens beaucoup dans les milieux industriels ou des travaux publics. Les salariés sont souvent des hommes, pour qui « parler à un psy » signifie qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, qu’on est malade…. Lorsque les organisations sont génératrices de souffrance, ces collectifs masculins se mettent en défense, râlent, revendiquent mais ne parlent pas de ce qui fait mal… Ce n’est pas que l’émotion ne soit pas là, elle nous surprend au détour de l’évocation d’un collègue qui a eu un accident grave ou d’une situation de conflit qui n’a pas été digérée….. Simplement, pour eux, « ça ne sert à rien de parler de tout ça, qu’est-ce que ça va changer ? »…
Alors, oui, je sors du cadre traditionnel de la psychologie, qui veut qu’un entretien ait lieu dans un bureau confortable, permettant la confidentialité des échanges pour aller à la rencontre de ces salariés « qui n’ont rien à dire », « qui n’ont pas le temps »…. Et là, ô surprise, après quelques échanges où je m’intéresse à ce qu’ils sont en train de faire, à ce qui les retient à l’instant « t »… ils en ont des choses à dire…. ! Et j’ai ainsi fait des entretiens à l’extérieur sous la pluie ou un soleil de plomb, dans une cabane de chantier, assise sur une palette ou un rebord d’établi…. Là, dans l’environnement qui leur est familier, mis en confiance par mon intérêt pour leur activité, ils parlent, des difficultés dans l’organisation, des conflits avec la hiérarchie ou les collègues, de la souffrance de ne pas réussir à bien faire son travail comme on le voudrait… Et souvent à la fin de l’entretien ils me disent « finalement ça m’a fait du bien de vous parler… ».
Alors oui, je me sens bien « psy »…. Mais une psy de TERRAIN !