Les risques psychosociaux sont situés à l’interface entre le psychologique et le social. Chaque membre d’une équipe a une histoire, une personnalité et un vécu à l’instant « t » qui est différent de son ou sa collègue. Une organisation de travail, qu’elle soit publique ou privée, qui se veut bienveillante, peut agir pour aider ponctuellement une personne en difficulté, soutenir un manager dans sa pratique, mais une thérapie doit se réaliser à l’extérieur du travail dans un cadre sécurisé différent. En effet, en entrant en collision avec les enjeux propres au monde du travail, les approches « émotionnelles » des risques psychosociaux peuvent rapidement se révéler toxiques, parfois à l’insu même des personnes qui les promeuvent et les mettent en œuvre.

 

Cependant, dans un contexte général (ex : crises sanitaires et énergétiques, généralisation du télétravail, fusions ou réorganisations venues « d’en haut », inquiétudes sur les retraites, etc….) lui-même porteur d’émotions difficiles à gérer, l’encadrement se retrouve aux prises avec ces affects tout en étant garant de la bonne réalisation du travail vis-à-vis de la chaîne hiérarchique et du client/bénéficiaire final et se retrouve souvent démuni face à cette charge émotionnelle.

 

Alors comment agir ? Le champ sur lequel il est possible d’intervenir pour prévenir la survenue de troubles psychosociaux est celui sur lequel l’encadrement et leurs équipes peuvent agir concrètement : l’organisation du travail au quotidien. Pour ce faire, il est important, dans les échanges sur l’organisation avec les équipes, d’inviter le travail réel et ses différences avec le prescrit, tel que le décrit l’ergonomie.

 

Les méthodes utilisées par EUDOKIA s’inscrivent dans le courant des cliniques du travail, dans lesquelles le psychosocial est envisagé comme une ressource plutôt que comme un risque. Dans, des collectifs affectés par des réorganisations et des mutations du travail qui vont mettre en jeu leurs valeurs, les équipes aussi bien que leur encadrement peuvent développer des défenses psychologiques qui vont leur permettre de « tenir ». Ces conduites défensives vont rigidifier les postures de chacun et vont peu à peu impacter la capacité des membres de l’équipe à dialoguer ensemble et avec leur encadrement. A terme, ces difficultés à communiquer, peuvent évoluer en véritables conflits, en particulier les évolutions organisationnelles viennent encore diminuer les opportunités d’échanges de régulation. Ces défenses psychologiques peuvent également mettre en échec certains accompagnements proposés par un refus de collaborer ou des propos agressifs.

 

L’intervention en psychologie du travail cherche alors à réhabiliter cette ressource du psychosocial, en libérant la parole au sein des collectifs. Cette circulation de la parole est organisée au cours d’entretiens collectifs, pour lesquels un cadre d’écoute et de non-jugement est posé au démarrage, puis rappelé en cours d’intervention si besoin. Plusieurs entretiens par groupe concernés sont nécessaires, les premiers entretiens étant concentrés sur l’écoute pour permettre l’établissement d’une relation de confiance avec les intervenants qui va permettre la levée progressive des défenses.

 

Pour que les participant.es s’investissent dans l’intervention, le dialogue est mené autour des problématiques posées par le travail réel au quotidien. L’objectif étant de les amener là se réapproprier leur activité en proposant des solutions concrètes et retrouver la capacité de discuter ces propositions avec la hiérarchie.

 

Dans cette approche, la santé au travail est soutenue par la vitalité des collectifs. C’est en effet le « pouvoir d’agir » qui va permettre à chacun de se sentir « acteur » dans son travail et d’y trouver le sens qui lui convient.

La définition de la santé au travail ici sous-tendue est celle proposée par le philosophe et médecin Georges Canguilhem :

 

«Je me porte bien, dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes, de porter des choses à l’existence et de créer entre les choses des rapports qui ne leur viendraient pas sans moi, mais qui ne seraient pas ce qu’ils sont sans elles.».